ANALYSE CONTEXTUELLE DE LA PROBLEMATIQUE DE LA CHAINE DE PRODUCTION AGRICOLE AU BURUNDI
Introduction
Le Burundi est un petit pays fortement enclavé et à très forte densité de la population (plus de 8 millions d’habitants pour une superficie de 27.843 km2, soit une densité comprise entre 250 et 260 habitants au km2) [1] et un taux de croissance démographique de 3,1% par an [2], le Burundi est caractérisé par une pauvreté généralisée. Il se situe au 173e rang sur 177 pays pour l’IDH [3] avec un score de 0,339 [4]. Son cursus historique est ponctué de crises socio-politiques et de violences cycliques qui ont beaucoup contribué à freiner son épanouissement social et économique. Son économie reste largement basée sur les ressources agricoles ((56% du PIB sont issus du secteur primaire qui occupe plus de 90% de la population en terme d’emploi, fournit 95% de l’offre alimentaire et plus de 95% des recettes d’exportation par la vente du café et du thé (devises).
Analyse du système agricole du Burundi
La population est essentiellement rurale et tire ses moyens de subsistance d’une agriculture en général d’autosuffisance alimentaire [5]. La superficie cultivable atteint ainsi ses limites comme facteur principal de sécurité alimentaire et de source de revenus. La diminution de la taille des exploitations est en effet un phénomène continu en raison des modalités d’héritage qui à chaque succession entraînent le morcellement de la surface familiale disponible en autant de parties qu’il y a d’héritiers.
Les activités rémunératrices sont rares et les cultures de rente sont surtout le café et le thé alors que le pays de part ses potentialités climatiques pouvaient facilement en diversifier. En effet, quelques expériences d’exportation de fleurs, de fruits et légumes ont déjà eu lieu mais à une faible échelle et ont pour la plupart été abandonnées pour plusieurs facteurs notamment d’absence de compétitivité sans oublier la guerre qui a freiné les élans des entrepreneurs qui s’intéressaient beaucoup.
Évolution du secteur agricole pendant la crise
Avant la crise d’octobre 1993, le Burundi jouissait d’une certaine autosuffisance alimentaire et n’importait que quelques produits de complément (5%) tels que le sel, le sucre, la farine de blé et les produits laitiers.
Le Burundi sort d’une longue période de crise. La guerre civile a duré plus de 15 ans avec des situations de blocus économique, de fuite de cerveaux, d’absence d’implication de l’Etat dans le secteur agricole et d’arrêt quasi complet de la coopération internationale. Pendant cette période, les acteurs privés du domaine agricole se sont développés afin de suppléer à cette absence de l’Etat en appuyant et en encadrant les producteurs agricoles abandonnés à eux-mêmes.
Tous ces intervenants se focalisaient plus dans le secteur de l’urgence sans trop se pencher sur le développement du domaine agricole. C’est à cet effet que le secteur agricole se manifeste par les problèmes liés à une faible rentabilité des investissements réalisés, la baisse de la productivité du secteur agricole et sa faible articulation aux autres secteurs de la vie nationale. Ces problèmes sont à la fois d‘ordre structurel et vieux de plusieurs décennies et d’ordre conjoncturel liés spécifiquement à la crise. Ces problèmes sont synthétisés et catégorisés en contraintes agronomiques, climatiques, technologiques, socio-économiques et institutionnelles.
Les contraintes agronomiques
La faible fertilité des terres et la dégradation des écosystèmes naturels ;
L’insuffisance et la faible utilisation des intrants performants de production (semences et plants sélectionnés, races animales améliorées, fertilisants, pesticides, matériel et produits agricoles, etc.) ;
La recrudescence des maladies et ravageurs très dommageables pour les cultures, les denrées stockées et pour les animaux.
Les contraintes climatiques
Les perturbations climatiques qui désorganisent les activités agricoles à majorité pluviales et entraînent la chute de la production et/ou la destruction des cultures, des animaux, d’élevage et de la biodiversité ;
Ces changements climatiques peuvent aussi induire la pullulation et l’extension des insectes vecteurs de maladies et des germes pathogènes pour l’homme.
Les contraintes technologiques
L’insuffisance des innovations technologiques et des systèmes de production appropriés suite à la désorganisation des services de recherche et de vulgarisation conséquente à la crise. Il s’agit notamment de :
La non maîtrise et l’insuffisance des techniques de gestion des ressources en eau pour l’irrigation des cultures et la production de l’énergie électrique ;
L’insuffisance des technologies de transformation et de conservation des produits agricoles, sylvicoles et d’élevage ;
La faible promotion des sources énergies alternatives et renouvelables (énergie électrique, énergie éolienne, énergie solaire) pour bien conserver les ressources naturelles (tourbières, boisements artificiels, forêts et réserves naturelles) ;
La faible intégration de l’agriculture à la sylviculture et à l’élevage pour une protection durable des terres, des pâturages et des écosystèmes naturels ;
L’insuffisance des laboratoires et des ressources humaines qualifiées pour le contrôle de la qualité des intrants de production et des denrées alimentaires et des produits d’exportation.
Les contraintes socio-économiques
La pression démographique sur les terres, sur les écosystèmes naturels protégés et l’insuffisance des activités non agricoles génératrices de revenus ;
Le faible pouvoir d’achat et la faible formation des familles rurales pour accéder au crédit agricole et aux facteurs performants de production ;
L’absence de mécanismes de financement durable du développement du secteur rural ;
L’étroitesse des marchés d’écoulement des produits agricoles et d’élevage ;
L’enclavement du pays et de beaucoup de zones rurales de production à l’origine de la flambée des coûts de production et de la mévente des produits agricoles ;
L’existence de beaucoup de sinistrés de guerre et d’aléas climatiques rendus incapables de contribuer à la production agricole suite à l’abandon de leurs exploitations agricoles (à cause de la guerre) ou de la sécheresse prolongée ;
L’insuffisance des mesures politiques et macro-économiques favorables aux investisseurs privés, nationaux ou étrangers dans le secteur agricole (mesures fiscales, système de crédit, sécurité des personnes et des biens, politiques monétaire, etc.) ;
L’insuffisance des ressources nécessaires pour la réhabilitation des infrastructures et équipements d’appui à la production, la consolidation du repeuplement du cheptel animal, le reboisement des écosystèmes endommagés et la redynamisation des services d’appui à la production affaiblis par 12 années de guerre civile
Les contraintes institutionnelles
La faible efficacité des services d’appui à la production (recherche, vulgarisation, production et diffusion des intrants agricoles, transformation et conservation post-récolte…) suite à l’insuffisance des moyens matériels, financiers et humains appropriés ;
La faible implication du secteur privé dans les activités de financement et de production agricole et d’élevage. Les cadres et techniciens formés en sciences agronomiques et vétérinaires sont également peu ou pas organisés en associations privées de production pour servir de modèle ;
Manque d’harmonisation des approches d’interventions en faveur du secteur agricole.
[1] Recensement Général de la Population et de l’Habitat au Burundi
[2] FNUAP 2010
[3] Indice de Développement Humain
[4] PNUD, Human Development Report 2004
[5] stricte pratiquée par environ 1,2 millions de ménages faiblement monétarisés et exploitant chacun 0,5 ha en moyenne
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